Patagonie, la route du bout du monde

Faisant lui-même l’expérience de la route, il part interroger ceux qui vivent le long de son tracé. La ruta 40 n'est pas qu'un de ces rubans lisses permettant d’atteindre au plus vite sa destination : elle impose au voyageur son rythme, ses distances infinies, ses escales improbables et sa matérialité mouvante – parfois asphaltée, parfois piste de graviers. De multiple manières, la route façonne ainsi le territoire et les habitudes de ceux qui y vivent ; même si, pour beaucoup, l’essentiel se trouve souvent hors des sentiers battus, dans les liens sacrés tissés avec la terre, les chemins de solidarité ou les pistes suivies par les animaux. Ambivalence C’est toute l’ambivalence de la ruta 40 qui se révèle au fil des rencontres que fait Philippe Simay avec une cheffe mapuche, un gaucho patagonien ou un amoureux des glaciers. Tout à la fois source d’intrusions bouleversant les pratiques ancestrales des populations autochtones, pont entre les cultures et vecteur d’isolement, l’emblématique artère argentine se fait aussi voie d’exode et de renouveau.